Les pratiques

L’œuvre de Brigaudiot est sans nul doute  prioritairement caractérisée par les périodes qui correspondent à des thèmes, périodes clairement désignées et nommées qui scandent le temps du déploiement de l’œuvre.

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Ces  périodes prennent pied dans les territoires de différentes pratiques artistiques telles, par exemple, la sculpture sur pierre ou celle qui n’est pas tout à fait sculpture: celle des objets d’assemblage ou autre période encore, celle des Paysages Discontinus.

L’œuvre et son faire tendent le plus souvent  à échapper aux définitions et limites des techniques; c’est à dire que le faire transgresse volontiers les moyens du faire; c’est à dire que le faire réinvente et subvertit la technique et ses limites. Ainsi la poésie convoquée par Brigaudiot se fait à la fois objet de l’écrit et objet purement visuel, c’est-à-dire objet plastique ou tableau. La photo, sans les mots, en son superbe silence, est le plus souvent associée aux mots de la poésie, elle-même parfaitement silencieuse et qui, le plus souvent, est à voir, apprécier, goûter en tant qu’objet plastique.

Le faire de Brigaudiot n’a que faire des savoirs-faire et joue la transgression plus que le bien faire: la période de la Genèse use et mésuse de différents papiers, bruts, trouvés ou peints à dessein, non point pour seulement y inscrire le trait de la représentation mais pour réinventer tant l’usage du papier que la production de l’oeuvre. Car l’œuvre, ici, se fait invention autant que réinvention, elle ne représente guère mais préfère présenter le matériau utilisé d’où surgissent d’autres sens que ceux ordinairement prévisibles. Il ne s’agit nullement de transgression ou détournement, contournement des techniques associées au papier pour elles-mêmes, mais d’une manière différente de penser la création. 

Et puisqu’ici il est ici question du support papier, il y a lieu de dire que si sa pratique est réinventée, les œuvres qui en émergent réinventent elles-mêmes les modalités de leur exposition et de leur mise en scène. Ainsi le nomadisme de Brigaudiot, allant de ci, de là exposer ces oeuvres sous la forme d’affichages au mur du lieu d’accueil, inscrit ces oeuvres dans une définition qui subvertit ce qu’est l’exposition d’oeuvres sur papier: point de cadre, ce qui n’est pas rien, une occupation de l’espace mural qui relève à la fois d’un affichage précaire que d’une installation.

Et le statut d’œuvre est remis en question par la fragilité supposée du papier, par ses  déchirures, par ce  bricolé qui dénie un savoir faire au profit d’un art qui n’est que sa propre aventure. Transgression du faire comme du savoir faire où l’œuvre en sa précarité se donne comme toujours présentée, exposée différemment. Et pourtant la pratique du papier, telle que Brigaudiot la développe, s’est instaurée dans la durée de cette pratique,  comme savoir-faire! mais un savoir-faire qui par nature échappe pour aller voir ailleurs et autrement: redéfinition de ce que peut-être la technique!