La sculpture

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espace sans mesure où le temps se gausse de lui-même,
s’épand en une flaque informe et trouble
+ temps imaginé et
improbable comme un futur antérieur
j’ose à peine

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La sculpture et les objets construits.

Pour Brigaudiot la sculpture est un champ ouvert à une variété de pratiques, par exemple celles de la création d’objets en volume, de la taille du matériau, comme il en va de la pierre, ou du moulage et coulage, pour le bronze, du modelage puis de la cuisson, comme il en est de la céramique, par la construction et l’assemblage de différents matériels, le plus souvent peints. Ici nous excluons les installations en tant que pratique qui se déploient dans l’espace réel, dans l’espace d’exposition et au cœur desquelles se trouvent des objets taillés, construits ou trouvés, objets de récupération, des végétaux, etc..

Brigaudiot, à peine sorti de l’adolescence, voulait devenir sculpteur, c’est pourquoi il est entré aux Beaux Arts, à Nancy. Ça s’est mal passé car il attendait autre chose que l’acquisition de savoirs faire académiques et refermés sur eux-mêmes.

Dès lors, il a pratiqué la sculpture de la pierre en autodidacte, armé d’un marteau, d’une scie égoïne et d’un tournevis. Cela a pourtant donné des résultats positifs, avec expositions et commandes monumentales. Cependant, Brigaudiot a cherché à échapper à cette seule pratique et a plongé dans l’expérimentation avec notamment la construction d’objets d’assemblage, faits tant d’éléments de récupération que de matériaux industriels comme le bois contreplaqué. Le tout, le plus souvent, était laqué en couleurs brutes ou restant monochrome (Les Mariées, les objets roses, les Pianos).

 

Plus tard, dans le contexte des Paysages Discontinus, il construisit des objets monumentaux en relation avec la question de la Nature (Monuments aux herbes folles, le Déluge).

Puis avec les œuvres de la période se référant au rural et à l’art africain, il pratique le bronze en des éléments se référant peu ou prou aux outils du labour, qu’il présentera à la fois sous forme de plus ou moins vastes installations et/ou en tant qu’objets isolés.

Toujours en relation avec les Paysages Discontinus, des constructions de type urbain, groupes de maisons miniature ou monuments aux herbes folles, vont nourrir les installations. En même temps, des objets se référant à différents instruments et machines seront des constructions en divers matériaux, acier ou bois, objets exposés tels quels ou intégrés à des installations, ou bien encore présentés face à leur étude et projet dessiné, démesurément agrandis, en une inversion de l’objet construit qui est le plus souvent de petites dimensions par rapport aux études préalables. Ainsi le projet se veut ouvert à l’imaginaire, la réalisation, quant à elle, referme la question abordée; posture de l’artiste dans son rapport au réel et à son image.

 

Brigaudiot opère donc en ce territoire de la sculpture sur la base d’une ouverture de sa définition sur d’autres modalités spatiales et techniques, celles-ci toujours à détourner et à réinventer. Pratique où l’artialisation déborde la désignation duchampienne de l’objet ready-made, pour engager sa transformation.

La sculpture sur pierre.

Elle apparaît en écho au désir d’un Brigaudiot qui, très jeune, souhaitait être sculpteur; c’est pourquoi il entra aux Beaux arts de Nancy. Il s’ensuivit une réelle déception car l’esprit de l’école ne correspondait nullement à ses attentes: école encore trop académique et ignorant délibérément les arts contemporains.
 
Sans le sous et sans connaissance techniques, le jeune artiste ramassa quelques blocs de calcaire blanc, déposés à la porte de cimetières. Ce calcaire tendre se taillait aisément sans outils professionnels et Brigaudiot réalisa des ensembles de toutes petites pièces , vaguement totémiques, présentées en alignements. Les outils improvisés étaient tout simplement une scie égoïne, un marteau, des tournevis et des ciseaux à bois. A peine arrivé à Nice, en 1967 il montra ces mini sculptures à la galerie Knoll International qui les exposa.
 
 
Hasard heureux , un architecte s’enthousiasma et proposa à brigaudiot de réaliser une sorte de grand claustra de la même pierre: ainsi commença l’aventure car les dimensions attendues étaient monumentales. Voyage vers la carrière romaine du pont du Gard; taille puis livraison de blocs bruts et ô combien pesants jusqu’à un atelier improvisé au bas de l’immeuble de l’architecte. Un mois et demi de travail acharné, avec cette fois de vrais outils et finitions/installation sur site par des maçons. L’architecte veillait et conseillait Brigaudiot. L’aventure de cette commande se poursuit durant quelques années au cours desquelles Brigaudiot expose les pierres taillées dans les chutes de la pièce monumentale.
 
 
Expérience sans vraiment d’au-delà, Brigaudiot barbotait désormais dans les eaux de ladite Ecole de Nice; la modernité ou l’avant garde regardaient vers d’autres horizons sur la ligne desquels flottait un parfum de Fluxus, de Ben, de Georges Brecht, d’Uriburu et de poésie venue d’ailleurs.