La vidéo

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un souffle,
pour que passent les nues et se dévoile le bleu,
passent et s’effacent pour que ce bleu +
(comment dire ces choses hors toute mesure, hors les temps, hors
l’imaginable, choses qui échappent,
irréelles et tellement vagues…
le bleu et ces gris
étrangeté du
réel, à jamais insaisissable +

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La Vidéo

Elle apparaît vers 2010, précisément lors de l’exposition à la Galerie Silkroad, à Téhéran, en 2012.  Elle résulte d’un besoin de conduire la poésie au delà du texte imprimé, besoin qui s’est manifesté peu à peu sous la forme d’apparitions du texte poétique dans certaines oeuvres de la période des Paysages Discontinus: par exemple lors de l’exposition du centre d’art de Gennevilliers où l’oeuvre intitulée Monument aux herbes folles comportait un objet tridimensionnel construit en bois : un socle, comme celui de la satuaire, devenu ici réceptable d’une poignée de grandes herbes folles. Cet objet était installé face à un mur où trônait son dessin, mais en beaucoup plus grandes dimensions, sur fond d’écriture d’une liste infinie d’herbes folles ou adventices. Forme de poésie de l’énumération. Une autre installation, dans la même exposition, intitulée Le Déluge comportait la silhouette d’une centrale nucléaire telle qu’elles sont le plus souvent en France, surmontée d’une carte géographique du Mont Ararat, là où s’échoua le navire de Noë. La tour nucléaire se reflétait dans un plan d’eau où flottaient des textes propres à la Genèse, selon la Bible, imprimés sur des transparents. Textes emphatiques que l’artiste considère comme dotés d’une forte charge poétique. Ces œuvres et la présence récurrente de pratiques taxonomiques furent le prélude à la naissance de la vidéo dans le travail de Brigaudiot. Pour l’exposition de la galerie Silkroad, des poèmes associés à des photos à caractère intrinsèquement poétique avaient été traduits en persan et faisaient partie de l’exposition. La première vidéo se fonde sur un groupe de quatre poèmes lus alternativement dans chacune des deux langues, le français et le persan, et projetés en leur écriture, sur un fond immobile de matières murales. Elle est donc avant tout une lecture enregistrée et projetée sur écran, en même temps que douée d’une plasticité plasticienne forte fondée sur des choix coloristiques autant que sur le choix des typographies, en même temps que leur mobilité dans l’espace de l’écran.

 

Ensuite la vidéo va intégrer des bribes de paysages, prélevées préalablement par Brigaudiot lors de ses promenades et rêveries de poète-plasticien. Les vidéos comportent la lecture de poèmes alternativement dits en persan et en français, où en coéreen et en français.  Ce qui est texte est travaillé plastiquement et mis en mouvement, la lecture étant interrompue entre chaque poème par des apparitions de bribes de paysages choisis pour leur charge émotionnelle et poétique.  Avec la vidéo intitulée La Genèse (2019), ce sont des vues et détails  des œuvres présentées dans l’exposition du musée d’art contemporain d’Ispahan, qui tiennent lieu d’images.

Quant à la sonorisation de ces vidéos elle procède de prélèvements choisis dans le corpus d’œuvres musicales, choisies en fonction de l’intérêt de l’auteur pour une certaine concordance rythmique et tonale avec les poèmes.

La vidéo joue ainsi le rôle de médium où la poésie trouve un espace au sens propre, celui de l’image filmée et donc mobile, élargi à la temporalité de sa lecture dédoublée en deux langues: persan et français ou coréen et français, élargi également au son, notamment celui des lectures, le fond musical étant cantonné aux interludes.

Vidéos:

La Genèse. 2019
Un bleu si bleu que seule l’écarlate. 2018…
Si peu, à peine. 2016
Il y a tant et tant à dire. 2016