artiste plasticien et poète

Depuis le début des années 2020, les œuvres des périodes intitulées La Genèse et Figures de l’ange ont naturellement évolué, le travail de Brigaudiot étant un travail toujours in process, un travail en devenir permanent, qui se meut, dans ses formes et dans son esprit. Outre cela, les formats sont peu à peu devenus remarquablement grands.
 
 
Peindre, tamponner, marquer, déchiqueter, recoller, rapetasser…

Les principes de base restent plus ou moins identiques, ils se fondent sur un réservoir de grandes feuilles de papier, peintes et utilisées telles qu’en leur couleurs, ou feuilles parsemées d’étoiles marquées au pochoir. Il y a d’autre part  l’utilisation des chutes résiduelles de ces papiers en attente de convocation pour contribuer à faire l’œuvre. A cela s’ajoutent le recyclage et le réemploi d’œuvres antérieures que l’artiste considère alors comme en attente d’un recyclage ou d’une continuité: bribes d’œuvres alors déchiquetées, recollées, ajoutées. Outre sa mouvance, le travail de Brigaudiot revêt ainsi un côté anthropophage en se nourrissant de lui-même! 
 
 
Assembler, déchiqueter, couper net.

L’assemblage des éléments constituant l’œuvre se fait peu à peu sans projet préalablement établi, sans esquisses, simplement par adjonctions successives autour de quelques chutes de ces papiers préalablement peints puis déchiquetés, tranchés net ou récupérés. Ce faire est ainsi un savoir-faire acquis au fil des ans par l’artiste, acquis dans une expérimentation toujours nouvelle. L’œuvre relève en quelque sorte de la prolifération, une prolifération où le figuré, les étoiles, par exemple, côtoient  les chutes de papiers peints et déchirés, dénuées de références à quoi que ce soit. Ainsi le sens, toujours flottant,  naît de l’assemblage d’éléments figurants (des étoiles, par exemple) et d’éléments en tant que pures formes plastiques. Cet art ne comporte point d’études préalables, c’est un art de la chute, de la récupération et de décisions spontanées.
 
 
Chaque œuvre se détache sur un fond blanc  symbolisant le mur en tant que  surface d’inscription ou paroi qui fait partie de l’œuvre de Brigaudiot depuis des décennies  puisqu’ elle s’installe dès le début des années 90, avec les Paysages Discontinus. Ce mur blanc se veut également symboliser l’espace infini d’entre les mondes où les formes, les galaxies, peut-être, se font et se défont au gré des temps.  Univers formel très libre, alors que les lignes pointillées interviennent comme douées de la rationalité propre à la géométrie, celle qui mesure, dessine et définit les territoires en leur démesure.
 
 
Bien souvent ces œuvres comportent du texte marqué au pochoir; il s’agit de bribes des poèmes écrits par Brigaudiot et, tout comme il en va pour les formes purement plastiques, ces quelques mots sont  arrachés à la poésie, déchirés, quelquefois énigmatiques, inscrits et peints pour être simultanément objets plastiques et doués de sens.
 
Brigaudiot, mars 2025.