Les tableaux magnétiques

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présence indicible des mots
+et jamais ne peuvent
un ailleurs, au-delà du sens, double sens ou.
(trouble en l’esprit
écoulement infini du temps
+ jamais ne se compte
ailleurs que dans la démesure et l’inconnaissable
alentours des mots en doute d’eux-mêmes,
incapables
chant d’un loriot, si fragile
projeté aux cieux, silence absolu
présent aboli, déjà +

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Les tableaux magnétiques.

Il s’agit d’un art permutationnel fondé sur la modification visuelle du tableau par déplacements de ses éléments constitutifs: des carrés de métal peint et identiques en leurs dimensions. C’est un peu comme un puzzle où chaque pièce pourrait se placer au gré du joueur. Le support est un plan carré, un cadre de bois, parsemé régulièrement, géométriquement, d’aimants destinés à maintenir des modules de métal de mêmes formats, tous carrés et identiques. Le module de base est un carré de métal retenu à la surface du tableau par des aimants, il est donc déplaçable. Chaque tableau comporte un certain nombre de modules qui peuvent être déplacés et générer visuellement un grand nombre de possibilités combinatoires. Avec les tableaux magnétiques de Brigaudiot les carrés-modules sont possiblement monochromes, mais un motif, le plus souvent de type végétal, peut être présent dans un cercle inscrit pleinement dans le carré et peint en aplat en l’une des trois ou quatre couleurs constitutives du tableau. Fondé sur la combinatoire formelle, cet art permutationnel rejoint partiellement l’idéologie des abstractions géométriques excluant l’exhibition de la facture picturale ; la peinture ici utilisée est une laque industrielle. Une certaine mécanicité fonctionnelle et rationnelle prend le pas sur l’expression que privilégient d’autres formes d’abstractions non géométriques comme l’art informel, l’expressionnisme abstrait et l’abstraction lyrique.


 

Il est d’autant plus difficile de discerner la suprématie d’une tendance que, tout l’œuvre étant constitué de séries,  chaque série, après s’être individualisée et développée, puise bientôt dans celle précédemment terminée…

M.C. Brigaudiot, Travaux de 1964 à 1970 ; Galerie Cavaléro, Cannes.