
L’usage du papier.
c’est à force de déplacements, d’expositions ici et là, à New-York, Téhéran, Ispahan, Séoul que le papier est devenu le support favori de Brigaudiot. Les raisons en sont d’abord pratiques, car une œuvre sur papier se roule et ne pèse guère; ainsi l’exposition du Musée d’Art Contemporain d’Ispahan (1999) tenait toute entière dans un rouleau de carton, lequel est accepté comme bagage par les compagnies aériennes régulières.
Ainsi se résolvait la question des emballages et passages en douane où les choses ne sont vraiment pas simples.
Avec les grands format peint par Brigaudiot, les premières expositions en Iran comme en Corée, ont vu apparaître le support papier qui se substituait au support de toile des œuvres peintes qui, le plus souvent, nécessitaient de faire appel à un encadreur pour les monter à nouveau sur châssis.
Le papier est finalement un support d’une réelle solidité, facilement réparable, qui peut être marouflé aisément sur un autre support.
Les grands formats de papier, le plus souvent du Kraft, ont en outre une très bonne tenue à l’accrochage; peints ils ne gondolent pas et ne posent aucun problème particulier.
L’exposition du musée d’Ispahan, comme celle de la galerie Saless de Téhéran et celles du Centre Culturel Iranien comportaient ainsi un ensemble de grandes pièces peintes sur papier.
Si l’usage du papier a ainsi trouvé ses raisons, il fut d’abord fondé sur la transposition des toiles libres peintes à la même période. Le développement de l’usage du papier a peu à peu donné naissance à une technique autonome, laquelle permit l’émergence de formes libres, celles de La période La Genèse. Formes libres de leurs découpes, de l’effacement des limites orthogonales du tableau et entretenant un rapport différent avec le cadre, puisque celui-ci disparaît cependant que les formes peintes et découpées lui échappent pour se développer en un espace sans limites. Ce qui rejoint le propos de la poésie qui lui est contemporaine, propos où l’infini, l’illimité, l’espace sans fin sont omniprésents.
Outre cela, les formes découpées dans le papier et affichées au mur ne demandent qu’à jouer entre elles, à se percuter, à se combiner toujours autant.
Il en va ainsi dans l’expo de Séoul qui aborde la question de la Genèse.
Cependant cette question du rapport de l’œuvre à son support, le mur, s’était déjà posée et avait été traitée autrement avec la période des Airports, au début des années 2000 . La différence notable étant que les œuvres, le plus souvent peintres sur carton ou sur bois étaient constituées d’un noyau central unique. Ici, avec la période de La Genèse, les éléments peints s’affichent au mur de manière beaucoup plus aléatoires, leurs dispositions étant explicitement variables, au gré de l’artiste, comme au gré du détenteur.
Ainsi s’est dissous le principe même des limites d’un cadre-fenêtre au sein de laquelle une vision du monde ou de certains de ces aspects est concentrée.
Ici la peinture déchirée, déchiquetée, rapetassée à l’envi s’invente un autre espace que celui défini de manière très péremptoire et pérenne lors de la Renaissance.
Ces périodes de La Genèse I, II et III, puis Figures de l’Ange œuvrent pour partie au hasard des chutes du papier déchiqueté, tranché net et recousu en des formes toujours variables. Nous sommes ailleurs, en une réinvention perpétuelle de l’espace suggéré de la peinture…déchargé de la fonction de figurer le visible et donc libre de voguer …