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vers …
hors toute mesure
(sans point de fuite, brumes lentes
immobilité,
effacement du réel (à jamais.
écriture, mots enchainés, pâles reflets du monde
gris à peine teintés.
attente de ce qui n’advient
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Le dessin, une fin ou un dessein?
Chez Brigaudiot, le dessin, comme il en est chez la plupart des artistes, accompagne le plus souvent la création, en tant que recherche et formalisation de l’idée. Ici le dessin, comme l’oeuvre, est multiforme, selon les oeuvres et périodes qu’il annonce et accompagne: dessin à caractère technique, dessin expressif et plus libre de règles liées aux modalités de la figuration ou des figurations, dessin monumental contribuant à une inversion du processus classique où le dessin est annonciateur et se positionne en retrait d’une oeuvre majeure, plus élaborée, peinte ou sculptée; ce dessin monumental émerge surtout avec les Paysages Discontinus.
Ici Brigaudiot inverse l’ordre classique des choses avec un dessin qui, dans le cadre d’une installation ou de ce qui s’en approche, prend la place de l’objet-oeuvre et renvoie l’objet final au statut de maquette. Confrontation du projet et de l’objet d’art, propos délibéré au sujet du réel, de l’objet d’art, et de son projet.
Des centaines de dessins accompagnent les périodes, les précédent, les suivent, les revitalisant et leur ouvrant de nouvelles voies. Cependant certaines périodes et certaines pratiques de Brigaudiot ont exclu le dessin, pour cause de création peu ou prou spontanée se fondant sur l’aventure, sur un processus où l’œuvre se développe sous le régime d’une prolifération imprévisible quant au résultat. Tel est notamment le cas des Palimpsestes, œuvres picturales se réalisant sans esquisses ou études préalables. Tel est aussi le cas des œuvres des périodes de la Genèse I, II et III, puis de Figures de l’Ange. Cependant les œuvres de ces périodes s’inscrivent dans une esthétique et un faire propres à la période concernée, esthétiques et faire qui prennent place et forme peu à peu lors de l’émergence de la période. Au cours du développement de ces périodes, le faire sur lequel elles reposent s’instaure en tant que méthode. Mais méthode ouverte à l’innovation, à l’aventure, qui permet l’évolution des formes propres à la période. Changements progressifs et fuite en avant pour échapper à la répétition du même. La création artistique, pour Brigaudiot, reste avant tout une quête, une aventure, une découverte de ce qui diffère. Car pour Brigaudiot, l’œuvre ne peut s’épuiser dans la répétition infinie du même, faute de sombrer dans un déjà dit, déjà vu, dans une production excluant la disponibilité à l’aventure, devenant ainsi un produit fini.