Proliférations

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lumières d’été,
ombres portées, souffles à peine
silence
absence de pesanteur, flottement
hors temps
ici et ailleurs
l’esprit doute

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Proliférations

Ces quelques œuvres sur papier cartonné se situent, dans la chronologie du travail de Brigaudiot, entre les Palimpsestes et Michel-Ange, Michel-Ange. Des Palimpsestes à la période Michel-Ange, puis Michel-Ange, ô, les Proliférations se situent comme un passage de l’abstraction à la figuration du corps.

Il s’agit d’une  série de travaux qui ont été exposés une seule fois, à Paris, Galerie Jacob, en 1983. Ils procèdent d’une prolifération formelle résultant d’un automatisme quasi gestuel et répétitif. Pour autant cela a fort peu à voir avec les pratiques de l’écriture automatique des surréalistes. Ces œuvres sont abstraites, comme il se dit, puisque rien n’appartenant au monde visible n’est figuré. Il s’agit donc d’une accumulation ordonnée/désordonnée de formes-couleurs dont le résultat est le plus souvent une pièce de grand format, irrégulier dans ses limites, découpé et accompagné d’un certain nombre d’éléments satellites qui siègent aux alentours de la pièce centrale. Le dispositif ainsi conçu oriente ce type d’œuvre vers une forme d’installation murale éphémère, surtout en ce sens que pour chaque accrochage le principe est d’adopter une présentation différente. Cette quête d’une modalité de présentation alternative de l’œuvre, en même temps que valide une seule fois, s’avère affirmer une cohérence intentionnelle et omniprésente chez Brigaudiot quant à prôner un art toujours in process. Ces quelques œuvres déterminent avec force une pratique qui va se développer et s’affirmer, selon différentes modalités chez Brigaudiot dans les paysages Discontinus, les installations murales, celles de la Genèse, I, II et III, puis dans Figures de l’Ange.

Avec ces œuvres, Brigaudiot s’est heurté, une fois de plus, à un rejet des modalités de leur présentation et de leur présence sur le mur d’exposition. Car il existe de fait un non-dit dans le monde de l’exposition, lequel non-dit implique une définition de la présence de l’œuvre. La présentation de ces œuvres, les Proliférations, lors de leur seule exposition en galerie s’est heurtée à la fois à un refus de fixer celles-ci au mur avec de l’adhésif double face et à un refus d’accepter que l’œuvre présentée ne le soit qu’une seule fois de cette manière. En Iran, comme en Corée, en galerie, l’œuvre sans cadre, si elle n’est pas de dimensions monumentales, n’est pas considérée comme telle; il s’ensuit logiquement que c’est le cadre qui qualifie l’œuvre comme telle.  Séparation, également de l’objet d’art et de la vie au quotidien, qualification de celui-ci comme relevant de l’exception.

C’est de ces œuvres, les Proliférations, que surgiront des formes humaines qui, après des essais et recherches, finiront par prendre racine dans le corpus graphique de la figure humaine chez Michel-Ange, contemporaines de la Figuration Libre.